Critique de la connaissance

Critique de la connaissanceDans un monde hypercritique comme le nôtre – et ce, depuis Kant qui accorde le primat à la critique en philosophie –, il est particulièrement important de bien situer la critique de la connaissance.

Il faut pour cela revenir au sens premier du mot critique : krinein en grec signifie discerner. La critique est l’opération de l’intelligence qui discerne, c’est-à-dire qui distingue, ce que notre connaissance atteint du réel, et le réel lui-même. La critique est donc une dimension réflexive, seconde de la connaissance humaine, qui présuppose la philosophie et, spécialement, la philosophie première. Le réel en tant que tel n’est pas critiquable, il est ! Seule la connaissance que l’homme a de ce qui est, qu’elle soit spéculative ou pratique, appelle une réflexion critique, pour en cerner les limites et en faire rayonner la vérité.

Parce que la connaissance humaine n’est ni identique à ce qui est, ni un reflet de ce qui est, il y a une distinction, et même une distance, entre le connu en tant que telle, et la réalité existante en tant qu’elle est. La connaissance humaine comporte un mode intentionnel et abstrait. C’est cela qu’étudie la critique de la connaissance, qui est donc en quelque sorte coextensive à toute la philosophie.

Préciser la structure de la connaissance

Dans ses développements, la critique précisera la structure de la connaissance humaine à travers ses trois opérations caractéristiques :

– L’appréhension est l’élément fondamental de la connaissance : connaître, c’est fondamentalement saisir, assimiler la signification de ce qui est. L’appréhension a pour fruit le concept, et comporte différents niveaux d’abstraction.

– Le jugement est l’opération parfaite de la connaissance intellectuelle ; l’intelligence n’est pas seulement celle qui assimile intentionnellement la signification, la forme intelligible, mais elle adhère à ce qui est. La qualité du jugement est ainsi d’être vrai et il revient à la critique de préciser à quel niveau : la vérité est « adéquation de l’intelligence à la réalité existante », et l’erreur consiste à ne plus rejoindre le réel.

– Le raisonnement est l’activité de l’intelligence humaine qui devient, progresse, a sa propre croissance vitale. La critique étudie ces différents raisonnements que sont l’induction, la déduction, etc.

Situer la diversité

Le rôle de la critique est aussi de situer la diversité des connaissances, de les ordonner les unes par rapport aux autres en face de la réalité. D’abord toute la richesse de la philosophie, mais aussi tous les autres développements de la connaissance humaine, qu’ils soient artistiques, pratiques, ou scientifiques. C’est ce que l’on a appelé l’épistémologie.

Critique et sagesse

La philosophie qui s’ouvre à la sagesse – la recherche de la finalité de l’homme – est ce qui permet le discernement ultime sur toutes les connaissances que l’homme peut avoir. La critique est donc une des fonctions de la sagesse, l’apanage du sage qui a atteint la connaissance humaine la plus élevée. Ayant même extension et même compréhension que la philosophie, la critique est seconde mais essentielle. Elle permet de justifier ce que l’intelligence énonce du réel.

La fonction de la critique est donc :

  • de mettre en lumière la vraie qualité de l’intelligence, capacité de connaître ce qui est ;
  • de reconnaître aussi, dans l’exercice, les limites de la connaissance ;
  • de discerner le vrai et l’erreur et de manifester les erreurs philosophiques qui empêchent l’intelligence humaine d’être elle-même.

Enfin, on peut dire que la critique est nécessaire pour maintenir la philosophie dans un état d’interrogation et de recherche, rappelant que la recherche est au service de la contemplation.

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