Philosophie politique
La philosophie politique naît de l’expérience de la coopération de plusieurs en vue du même bien. Celle-ci comporte des éléments de l’agir et du faire : de la morale et du travail. La politique apparaît ainsi comme un mixte constituant une nouvelle expérience irréductible mais sans nouveau principe. C’est ce qui la rend si délicate à analyser…
Aujourd’hui, notre expérience de la politique est extrêmement marquée par l’économie et l’efficacité. Coupée du sens de la finalité de la personne humaine, la politique réduit l’homme à un rouage individuel, et finit par le détruire et, par conséquent, par ruiner la communauté elle-même.
N’est-il pas nécessaire de repartir de l’éthique de la personne et de sa finalité qu’est l’amitié au sens fort du terme ? C’est à partir de là que nous pourrons voir comment le bien commun propre à la communauté politique s’articule avec le bien de la personne. En effet, le bien commun dont s’occupe la politique apparaît, dans le devenir de l’homme, comme ce qui contribue au bien-vivre. La communauté humaine est un milieu de vie, qui dispose à la découverte et à l’acquisition du bien personnel de chacun qui, en même temps, contribue par son agir et son travail au bien de tous. Le bien commun est donc une certaine fin dans le conditionnement humain, il est à la fois ce que les hommes cherchent et réalisent.
Place fondamentale de la famille
D’autre part, l’expérience de l’amour d’amitié est bien ce qui permet de comprendre la place de la famille et le passage de la famille à la communauté politique. En effet l’amitié conjugale, porteuse et source de fécondité, donne un caractère substantiel à l’amour d’amitié et est par là le fondement naturel de la communauté politique.
Ce fondement naturel de la politique est important à redécouvrir aujourd’hui, alors que la communauté est souvent considérée comme purement conventionnelle et où l’aspect économique du travail n’est plus une condition nécessaire mais devient la finalité. C’est bien à partir de la famille, fondement naturel de la communauté, qu’on comprend le passage, l’ouverture à la communauté politique, par le point de vue de l’éducation des enfants et de l’économie.
Dans cette perspective, la philosophie politique considère l’élaboration des lois qui contribuent à façonner ce milieu de vie qu’est la communauté politique, et régulation des relations entre les hommes par le droit et la justice, en vue du bien-vivre de tous. Cependant, la justice n’est pas le lien le plus parfait qui puisse unir les hommes : elle demande de s’achever en amitié. Aussi le bien commun de la communauté, qui est sa fin immanente, n’est autre à son sommet que la concorde, la paix entre les citoyens.