Philosophie de l’homme vivant
La recherche de ce qu’est l’homme conduit le philosophe à s’intéresser à ce domaine de l’homme dont il a l’expérience à travers ses opérations vitales. Vivre, c’est se mouvoir. Nous n’avons pas l’expérience de « la vie », mais des actes vitaux, du « vivre » : vivre, c’est respirer, se nourrir, toucher, voir, imaginer, penser, aimer, etc. A partir de cette expérience s’éveille une interrogation : qu’est-ce que vivre ? Qu’est-ce que l’homme en tant qu’il se meut, en tant qu’il est un vivant ? Qu’est-ce qui explique toute cette complexité et en même temps cette unité vitale dont nous avons l’expérience ?
Découverte d'un nouveau principe
Cette interrogation conduit le philosophe à la découverte d’un principe, d’une cause, que les traditions appellent l’âme, distincte du corps. Une distinction qui n’est pas un dualisme, à la manière de Platon ou de Descartes ; une distinction dans une unité substantielle d’être et de vie, à tel point que la mort n’est pas normale pour l’homme et que le cadavre n’est plus parfaitement un corps humain. L’être humain est un corps vivant : un corps porté, animé par une âme spirituelle.
Degrés de vie
Le philosophe distingue à partir de là différents « degrés » de vie dans l’homme : la vie végétative, commune à l’homme et aux plantes : le vivant se nourrit, croît et dépérit, et se reproduit. La vie sensible ou sensitive, constituée par les sensations et se développant dans toute la richesse des passions, qui sont en quelque sorte les visages de l’amour sensible, et trouvant son sommet dans l’imaginaire. Enfin, la vie de l’esprit : celle de l’intelligence, capacité de connaître ce qui est, et de la volonté, capacité d’aimer d’un amour volontaire une autre personne. Cette vie de l’esprit réclamera, pour être pleinement étudiée dans sa noblesse et son réalisme propres, un nouveau développement de la philosophie : celui de la philosophie première.