La Philosophie : « amour de la sagesse »

L'amour de la sagesseC’est dès ses premiers pas sur la route de la recherche de la vérité que le philosophe s’oriente vers la sagesse. Cet appel est au plus profond du cœur de l’homme. Tout homme est en quelque sorte philosophe, il s’interroge sur sa destinée et sur son origine, sur le sens profond de son existence. C’est ce qui fait de la quête philosophique une respiration vitale pour la personne humaine, tout au long du chemin qu’elle parcourt, au-delà de toutes les conclusions, les constructions et les idélogies qui l’enferment et prétendent la mesurer. Une telle recherche est donc d’autant plus urgente aujourd’hui : il y va de la survie même de la personne humaine.

Puisque cette recherche naît au cœur du désir que l’homme a d’aimer et de connaître la vérité, en se libérant de tous les a priori encombrants qui étouffent si souvent ce désir, elle demande de prendre son point de départ dans l’expérience de ce qui est, et de s’y enraciner en y revenant avec toujours plus d’attention et de profondeur.

Philosophie pratique

Ce qui est le plus proche du philosophe qui cherche ainsi à se mettre à l’école du réel existant, ce sont d’abord les grandes activités humaines. La philosophie réaliste commence ainsi par l’étude des « réalités humaines » : le faire, l’agir, le coopérer. Il s’agit alors de chercher à comprendre ce que sont ces activités, en découvrant leurs principes et leurs causes propres :

  • Qu’est-ce que travailler, faire, réaliser quelque chose ? Pourquoi réaliser telle œuvre et non pas telle autre ?
  • Qu’est-ce qu’aimer ? Pourquoi aimer et choisir telle personne ? Où la responsabilité et la liberté morales naissent-elles dans l’agir ? Quelle est la place des vertus ? Qu’est-ce qu’agir bien ?
  • Qu’est-ce que coopérer en famille, au travail, dans la cité ? Pourquoi vivre ensemble ? Le bien commun et l’œuvre commune mis au service de tous ont-ils un sens ? La politique a-t-elle encore une dignité au service de l’homme ?

Philosophie théorétique

Cette première recherche, qui a pour but de nous aider à travailler, à agir et à coopérer d’une façon vraiment humaine, demande de s’ouvrir à de nouvelles recherches. En effet :

  • L’homme est cause par son travail de formes nouvelles dans la matière, d’œuvres utiles et belles : il transforme la matière. Mais son activité réalisatrice n’est pas cause de tout : la matière s’impose à lui comme un donné, avec son devenir propre. Qu’est-ce que la matière ? Qu’est-ce que le monde physique dans son mouvement et sa puissance ? S’ouvre là ce que l’on a appelé la philosophie de la nature ou la cosmologie.
  • Dans son agir, l’homme découvre une liberté intérieure très profonde : source des choix qui déterminent et orientent sa vie personnelle dans l’amour, il expérimente aussi bien des limites : tant d’aspects ne dépendent pas de ses choix. Et radicalement, sa destinée mortelle s’impose à lui et lui rappelle que sa vie lui est donnée antérieurement à ses choix. Qu’est-ce que vivre ? Qu’est-ce que l’homme vivant ?

Philosophie première

Tout au long de son itinéraire, le philosophe ami de la sagesse cherche à comprendre la réalité existante, « ceci est », et sa propre réalité de personne humaine, de son « je suis ». Expliciter cette recherche pour elle-même, en quelque sorte au-delà des activités humaines, au-delà du devenir et de la vie, s’accomplit dans ce que l’on a appelé la métaphysique. Il faut plutôt la redécouvrir comme la « philosophie première », selon l’expression qu’Aristote avait déjà forgée. Elle est la recherche la plus réaliste et vitale de l’intelligence de l’homme en quête du vrai. Et c’est elle qui fonde, traverse et achève toute la recherche philosophique.

  • En effet, « ce qui est », c’est tout ce que l’homme cherche à comprendre dans l’analyse de ses activités et de son expérience humaine, c’est lui-même, c’est l’ami. Et c’est bien le plus étonnant : ce qui est, est commun à tous et, cependant, unique pour chacun. Qu’est-ce que l’être ?
  • D’autre part, la personne humaine, qui est l’être le plus parfait dont nous ayons l’expérience, cet être qui est esprit, est-elle ultime dans l’être ? Ou bien l’homme, pour aller jusqu’au bout de sa recherche du vrai, est-il conduit à s’élever jusqu’à la découverte d’une Source qui transcende son expérience, d’une Personne première, Celui que les traditions religieuses appellent Dieu ? La personne humaine, dans son « je suis », est-elle close sur elle-même, ou bien par son esprit, est-elle une brèche vers ce Premier à qui tout est en quelque sorte suspendu ?

Thèmes philosophiques

Aristote« Pour une philosophie réaliste et, à son sommet, une métaphysique de ce-qui-est, le point de départ est notre expérience du monde réel actuel, de l’homme tel qu’il est, selon toutes ses dimensions. Une véritable philosophie, et une véritable métaphysique, ne s’installent pas dans le domaine des idées, des "principes immuables" : elles cherchent à connaître le réel, l’homme existant, tel qu’il est dans sa complexité d’être vivant et dans son unité d’être et d’esprit.

Il est évident que la philosophie ne peut se contenter de décrire ce que nous voyons, ce que nous constatons, elle ne peut se contenter de mesurer le réel observable. Elle cherche à analyser le réel expérimenté en le saisissant dans toutes ses dimensions, spécialement l’homme, (...) l’homme existant, tel qu’il est ».

D’après Lettre à un ami, M.-D. Philippe, p. 11

 

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Une philosophie réaliste

La philosophie cherche avant tout à connaître l’homme dans son originalité et sa complexité. Elle tend à la Sagesse qui permet d’éclairer l’existence et la vie de l’homme à travers une analyse et un jugement qui donnent à découvrir l’ordre interne et l’orientation vers la finalité propres à la personne humaine.

La philosophie commence avec l’attention à l’expérience humaine de la réalité existante, de ce qui est. Centrée sur la question de la personne humaine, elle cherche à comprendre l’homme dans ses différentes dimensions et toute sa richesse. Cette recherche de la vérité sur l’homme et la personne humaine conduit le philosophe à s’interroger sur le problème de l’existence de Dieu, le Créateur, et à chercher à en avoir une connaissance contemplative, sapientielle.

La philosophie pratique

Les trois expériences sur lesquelles réfléchit la philosophie pratique, celle du faire, celle de l’agir et celle de la coopération, sont le point de départ de toute philosophie réaliste. La lucidité et l’intelligence que développe l’analyse philosophique permettent à l’homme d’agir de manière plus qualitative et plus finalisée.

Philosophie de l’art et du travail

L’expérience humaine du travail, de la réalisation d’une œuvre, et les grands développements de l’art. L’homme se découvre capable de transformer l’univers.

Philosophie éthique

L’homme en quête de son bonheur. L’homme capable d’aimer se découvre en profondeur responsable de lui-même et d’un autre, à partir de l’expérience de l’amitié au sens de la philia d'Aristote. L’homme capable d’adorer et de développer la vertu de religion.

Philosophie politique

La communauté humaine. L’homme qui vit et coopère avec d’autres personnes en vue du bien commun. La justice sociale et la solidarité à l’échelle d’une nation et du monde.

La philosophie spéculative

Au delà des analyses fondamentales de la philosophie pratique, se développe une philosophie dite « spéculative » ou contemplative, qui cherche à comprendre pour eux-mêmes en eux-mêmes la nature, l’homme, l’être et la question de Dieu.

Philosophie de la nature

L’homme dans l’univers physique, face à la matière et la nature. Connaître la matière au-delà de sa transformation par l’artiste dans le travail, et regarder l’homme comme partie de l’univers par son corps.

Philosophie du vivant

Connaître l’homme comme vivant, au-delà de l’expérience de l’amour d’amitié qui peut être brisé par la mort. L’âme et le corps : complexité et unité de l’homme vivant

Philosophie première

La découverte inductive des principes propres de ce-qui-est (substance et être-en-acte), s’achevant sur la question de la personne humaine, être spirituel capable de découvrir sa finalité.

Théologie naturelle

Le problème philosophique de l’existence de Dieu. Découverte par l’intelligence humaine de l’exister de cette Personne première, contemplation de ses manières propres d’exister, de sa vie propre de lumière et d’amour, la relation de cette Personne première et de l’homme (la Création), le regard sur l’homme comme créature capable d’adorer (jugement de sagesse).

 

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